Démarche Artistique



Le travail de Thomas Grünfeld peut être classé en différentes séries toutes tournant autour d’une réflexion centrale et exploitant diverses techniques. Cependant ses inspirations restent toujours les mêmes ainsi que l’univers dans lequel il évolue et nous fait voyager. On pourrait dit que tout son travail part d’un même point situé entre rêve et cauchemar. En effet ses pièces dérangent, étonnent, questionnent, mais suscitent toujours une sorte de fascination chez le spectateur. Voici quelques unes de ces catégories:





-Photographies : En 1999, Thomas Grünfeld crée un portfolio de photographies de nus, en hommage aux polaroïds de Carlo Mollino. A travers cet exercice traditionnel Grünfeld apporte une relation avec l’environnement ambiguë ainsi qu’une intemporalité récurrente dans tous ses autres travaux. En instaurant une certaine distance avec ses modèles il se place dans une démarche qui semble expérimentale, on joue avec les postures du corps en parallèle au mobilier et la composition de la photo, plus qu’on ne cherche à susciter de l’émotion.





-Peintures : Les « peintures » de Grünfeld sont en réalité plus proches du collage que de la réelle peinture. Il mélange, superpose, croise les matières et les couleurs acidulées afin de créer des mondes parallèles où humains et objets se confondent, ainsi qu’on joue avec des expressions et des idées préconçues. Là encore l’artiste évite à tout prix d’être trop figuratif, et face à l’apparente simplicité du tableau, le spectateur a la  possibilité de s’interroger  et de tirer lui même ses propres conclusions, laissant ainsi parler sa subjectivité.
  Maggie 2006





-Eye Paintings : Les Eye paintings apparaissent au départ comme des toiles monochromes en forme d’œuf ou de goutte. A leur surface on distingue de petits éléments en relief, réfléchissants, comme éparpillés au hasard sur le tableau. Le spectateur s’interroge et à force de contemplation il finit par distinguer que les petits éléments se trouvent en fait être des yeux de verre. L’observateur se retrouve observé et le spectateur, scruté par la toile elle même ressent une espèce d’inconfort en étant renvoyé à sa position de voyeur. 
sans titre 2000




-Misfits : Collages improbables d’animaux empaillés de différentes espèces, les misfits matérialisent des chimères semblant tout droit sorties d’un rêve. Le spectateur découvre ces animaux hybrides présentés derrière des vitrines qui ne sont pas sans rappeler les cabinets des curiosités du 18ème siècle. On s’étonne alors, autant qu’on est fascinés par ces animaux qui nous paraissent familiers et étranges à la fois. Ils nous déroutent par leur vraisemblabilité alors on s’interroge. Sur le clonage d’abord, et toutes les possibilités qu’offriront les manipulations génétiques dans les années à venir quant  la création de nouvelles espèces. La deuxième interrogation suscitée par les misfits concerne la nature humaine. Une idéologie assez rependue veut que les animaux soient le reflet de celle-ci, qui serait alors aussi changeante et dénuée de logique que ces bêtes. Et enfin on se pose des questions sur l’esthétisme et différentes caractéristiques de l’art contemporain. Peut–on réellement privilégier le message à faire passer au détriment du bon goût ?




Pour conclure l’ensemble des œuvres de Thomas Grünfeld font passer le spectateur par les mêmes stades que sont la répulsion, l’interrogation et la fascination. Tout son travail résulte d’un processus veillant à mener les spectateurs à avoir des réflexions qu’ils n’auraient eu en temps ordinaire. En choquant de manière douce, en suggérant plus qu’il ne montre, l’artiste fait passer ses idées mais toujours en laissant aux spectateurs leur part de subjectivité.